La Marseillaise

Bacchus Maximus

La Marseillaise - Le 10 avril 2004
ON FAISAIT hier, dans ces colonnes, le panégyrique de Nicolas Bacchus, toulousain actuellement à l’affiche de l’Exodus phocéen, en se basant simplement sur l’opus Balades pour enfants louches, enregistré en public et sans coupures. Vérification faite, ce drôle de petit bonhomme, « impertinent du spectacle à pull rouge, langue verte, rire jaune et humour noir » est sur scène plus irrésistible encore qu’à l’écoute du live.
Première raison, logique : en plus du son, dans un concert, il y a l’image. Et même si, moyens oblige, le sextet qui l’entourait pour les balades discographiques se résume ici à son VTT (Vincent Trincal, violoncelliste vraiment tout-terrain), le duo offre une performance qui va au-delà du récital de chanson, pour toucher au two-men show, voire tutoyer le grand théâââtre. Dans le verbe comme dans le geste, Bacchus console de Desproges. Rien de moins*.
Deuxième raison : le garçon sait renouveler ses stocks. Et le néo-fan, qui craignait d’entendre sur scène l’idem du CD qui tourne sur sa platine depuis trois jours, peut se rassurer : le garçon sait se renouveler –sans tomber dans la "revue de presse" à la Bedos-Ruquier-, offrant d’irrésistibles variations sur son propre répertoire (le Petit Âne Gris d’Hugues Aufray est rallongé de quelques réjouissant nouveaux venus), et celui des autres (de Michèle Bernard aux incroyables Malpolis en passant par le chanteur « atexte » Gérard Morel, ou encore Bernard Joyet et Jeanne Cherhal), exhumant des perles (La politique de Font et Val), explorant les plus grands (Gainsbourg, Genet –fascinant Cayenne-, Richepin).
On pourrait en ajouter et en rajouter sur l’heure et demie et plus qu’offre le bacchanal Nicolas sur scène. Qu’il est un roi du contre-pied, vous arrachant un gros rire au moment où vous étiez sur le point de lâcher une larme, ridiculisant les modes occitanistes en pays massiliesque (irrésistible). Qu’il parle de cul avec sa tête. Qu’il instille une complicité de plus en plus rare aujourd’hui. Qu’il dégomme plus vite que son ombre tout en ne s’épargnant pas, fils illégitime de Caliméro et d’un pit-bull. Qu’il existe et résiste contre les vents liberticides et les marées privatives de vie. Qu’il se fout qu’on l’aime*.
Denis BONNEVILLE
*Euh, là, monsieur, c’est peut-être aller un peu loin, quand même… (Note de moi)
 
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