Le Popouri n°19

Fin de manif et Concert à Lyon

Le Popouri n°19 - Le 4 octobre 2005
J’étais bien embêté quand le popoulit’buro m’a demandé de rédiger un article pour la rubrique « Culture » du grand quotidien national que vous tenez entre les mains… Mais, ô divine providence, le sort m’a permis de causer d’autre chose que du coton, du maïs ou du soja, dont vous n’avez rien à foutre, suppôts de la bourgeoisie que vous êtes loin du Bangladesh ou de la Somalie, et auxquels je ne connais diablement rien.
Le mardi 04 octobre, quelques personnes ont pu assister au concert de Nicolas Bacchus, organisé à l’improviste à l’Atmosphère, café-concert situé Montée des Carmélites dans le premier arrondissement. Cet auteur-compositeur-interprète accompagné de sa guitare nous a gracieusement offert une clôture caustique et acerbe à une journée d’intense mobilisation syndicale qui restera dans les annales de la politesse routinière, de la correction et surtout du mouvement ouvrier. Même les brillant-e-s journalistes de Radio-(F)rance n’en ont toujours pas compris les revendications.
Ce petit Nicolas, qui n’aime définitivement pas l’autre, celui pour qui vous voterez sûrement en 2007, ne paye pas de mine : et pourtant, il montre comme l’autre des talents de pistolero remarquable. Mais sur un autre registre… On trouvera dans sa ligne de mire la France-Forteresse et sa traque des personnes sans-papiers, quelques phallocrates ou personnalités réactionnaires des deux sexes sévissant dans les plus hautes sphères de la politique française : Boutin, Gaymard et ses soucis de studio+kitchenette pour les huit fardeaux qu’il a engendré avec sa vénérable épouse, fille de feu le professeur Lejeune, père (c’est le cas de le dire) des mouvements anti-I.V.G. contemporains. Malheureusement l’avortement ne s’applique pas aux idées de nos élites, et n’est pas reconnu d’utilité publique en ce qui concerne les rejetons de la haute bourgeoisie. Qu’il faisait bon, ce mardi soir, entendre casser du sucre sur le dos de notre respectable ultra-droite catholique ; à une époque ou féminisme, laïcité et athéisme servent trop souvent d’alibi bon marché et de bonne conscience à la hargne xénophobe d’une république blanche et virile.
Hormis de très saines railleries blasphématoires à propos d’un livre chiant à mourir et très mal rédigé, dont l’édition n’est toujours pas épuisée après deux mille ans de gaspillage de papier (un scandale à une époque où la déforestation apparaît comme un problème écologique majeur), Bacchus sait aussi chanter des chansons tristes, des chansons belles et émouvantes, des chansons « d’amour » on dit, style que notre satyre prend un malin plaisir à écorcher au passage. Tout comme la « variété française », dont la médiocrité nous démontre à coup sûr la nationalité (a-variée, comme le narcissisme de ses interprètes ?), mais dont la seule variation est un numéro de dossier à la S .A.C.E.M..
Il égratigne aussi la Lesbian and Gay Pride : « J’ai pas besoin d’un seul jour pour me montrer », et les revendications sur le mariage, manières d’après lui de rendre respectable une homosexualité, qu’il revendique sur le registre de l’anti-conformisme assumé.
En effet ses chansons bousculent la pudeur et les normes (hétéro)sexuelles, avec tendresse, ou avec violence, mais avec résolution.
JUDAS
 
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