TÊTU l'agenda n°107 01/06

Nicolas Bacchus, chanteur sucré-salé

TÊTU l'agenda n°107 01/06 - Le 15 décembre 2005
Le petit gars, avec sa guitare en bandoulière et son pull rouge, est devenu familier aux amateurs de chanson. Avec le sourire de celui qui n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat, Nicolas Bacchus a chanté dans les bars (comme son nom l’indique) de Toulouse puis de toute la France, depuis sept ans. «Ce que je suis sur scène vient de cette école de la rue, des bars, des marchés, confie-t-il aujourd’hui. Il peut tout se passer dans un bar, le poivrot qui t’enlève le micro, la serveuse qui casse des verres… il faut toujours être à l’affût pour capter l’attention d’un public qui n’est pas forcément venu pour toi.» Les homos toulousains, en revanche, ont vite tendu l’oreille à ses premières chansons, parmi lesquelles Sale pédé, qu’on devrait faire entendre à tous les jeunes homos en crise identitaire, ou Ton fils (dort avec moi), qui visait carrément à rassurer nos mamans.
Grande gueule, loquace sur sa vie privée, Bacchus assume tous les aspects de son personnage, du plus cru au plus politisé - à gauche toute ! C’est sa première vie d’éducateur qui remonte à la surface : «Je suis super content d’amener un peu de chanson politique dans un public de pédés qui n’en avaient pas l’habitude et des histoires homos pour des gens qui écoutent de la chanson mais pas sur ces thèmes. Ça passe bien parce que j’ai l’air sympathique», analyse-t-il. Son troisième album, À table, le plus abouti qu’il ait (auto)produit à ce jour, regorge de morceaux de bravoure et de brillants effets de style. Il ose, dans sa chanson D’Alain à Line, un hymne au trouple sur fond de clavecin, puis dresse un Inventaire pathétique de ses exs, démarrant à la Brassens avant de s’enflammer. Seul problème, dans cette liste noire, où placer Erwan Temple, son ex et néanmoins parolier, auteur de plusieurs textes formidables ? Parmi ceux-là, l'incursion langoureuse Dans les saunas («…les hommes ont des odeurs de pomme») aurait provoqué quelques colères parmi ses voisins de jacuzzi : «Certains ne m’ont pas pardonné d’évoquer ces moments-là au grand jour, se souvient Nicolas Bacchus. Pourtant je suis un habitué, je pourrais même rédiger le guide des saunas de TêtuLe temps d’un duo, il a invité Juliette, sa marraine de chanson. Ensemble, ils mènent une Enquête préliminaire sur cet amant dont chacun se souvient et qu’ils se racontent… Etait-ce le même ? «Car finalement on a tous un peu vécu la même chose, explique le chanteur, l’air las. On a tous été quittés par des gens avant même de les connaître, à tel point qu’on peut les confondre les uns avec les autres…» Désespéré, Bacchus ? «Pas du tout, se reprend-il, soudain revigoré et pince-sans-rire. Je dis ça parce que le côté pleurnichard, ça attire vachement les mecs, j’ai remarqué. Je compte bien former mon "harem" de fans en disant des choses comme ça ! »
Paul Parant
Photo : Mathias Casado Castro
 
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