Le Monde

Arièle Butaux reçoit à l'Hôtel d'Albret

Le Monde - Le 30 août 2012

L'entrée de l'Hotel d'Albret, 31 rue des Francs-Bourgeois dans le quartier du Marais à France

C'est un havre de musique niché au cœur du Marais, à Paris : depuis le 20 août, Arièle Butaux, la productrice de l'émission "Un mardi idéal" sur France Musique, anime tous les jours à 18 heures, en direct et en plein air, le "Magazine des festivals" de France Musique. La jolie cour de l'hôtel d'Albret, siège des affaires culturelles de la Ville de Paris, n'a pas assez de places pour accueillir curieux d'un soir et habitués de tous les jours. Mais qu'importe, tout le monde s'assoit où il peut, de la dame au chien d'à côté au groupe qui passait par là, du couple avec enfant en bas âge à l'essaim de jeunes filles en goguette, bien contentes de cette manne musicale qui leur tombe du ciel lors même que la musique a déserté Paris pendant l'été.

"L'aventure a commencé en 1995, précise Arièle Butaux. Puis il y a eu une interruption de quatre ans durant lesquels nous avons investi le Festival de Sablé et, en 2011, l'Institut culturel suédois. Mais je suis heureuse que nous soyons à nouveau dans ce lieu magnifique, si propice à la musique." Ce 29 août, Arièle Butaux a assemblé l'un des patchworks musicaux qui sont sa marque de fabrique. Avec elle, pas d'eau dans le gaz entre le jazz et le classique, la chanson française, les musiques du monde.

Joyeux carambolages

Son credo ? Accompagner l'évolution de notre société de plus en plus décloisonnée en croisant planètes et univers afin de provoquer joyeux carambolages et rencontres fructueuses : "On ne peut pas répéter que le public vieillit, que les salles de concerts se vident et rester les bras croisés sans rien faire", affirme cette pasionaria du mélange des genres, qui a parfois été mal comprise et dérange les ratiocineurs spécialisés.

Le public nombreux de cette fin d'après-midi tiède et fringant est manifestement acquis à sa cause. Qui ne le serait quand le plateau convoque la folie en chemise blanche et bretelles rouges de cinq vibrionnants Bons Becs, trois clarinettistes de haut vol et un percussionniste rivés depuis vingt ans à la clarinette de Florent Héau ? La verve gouailleuse du chanteur poète Nicolas Bacchus, entourés de ses amis du jazz, le violoniste Sylvain Rabourdin, le contrebassiste Brahim Haiouani, le pianiste Giovanni Mirabassi ?

La palme revient à la séduisante soprano Julie Fuchs, jeune révélation lyrique de l'année aux dernières Victoires de la musique classique, qui délivrera, pieds nus, une leçon de chant et de charme, passant avec la même aisance des jolies compositions que Giovanni Mirabassi a écrites pour elle (I Can Forget et Getting Old) et qu'elle interprète dans le court-métrage de Gérôme Barry, Séraphin, à la célèbre Vocalise de Rachmaninov accommodée à la sauce jazzy par le même Mirabassi. Magie du lieu ? Magie de l'instant ? Il semble qu'une joie a passé dans nos vies.

Marie-Aude ROUX pour
Le Monde

 
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