Mauvaise humeur
Grande vaisselle et arrières-goûts - baratin entre deux chansons - Janvier 2002
Y'a ceux qui me reprochent de trop parler de la vraie vie, et d'autres qui voudraient que j'en parle plus, que je réagisse à tout, tout de suite, et tous les jours. Et en plus, il faudrait à chaque fois dire des choses justes, belles, pertinentes et drôles. Tu parles d'un boulot ! C'est du genre : "Ouais, en ce moment, avec la guerre, l'Afghanistan, tout ça, tu dois avoir pleins de trucs à dire !" Ouais, ouais… Pas évident.
Moi, je veux bien essayer de vous donner les dernières nouvelles du Bien contre le Mal, puisque c'est ça qui est en jeu, si j'ai bien compris, alors allons-y. Pour mémoire et pour qu'on soit bien d'accord, on rappelle que le Bien, c'est le seul pays avec la Somalie à ne pas ratifier la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, parce qu'elle interdit la peine de mort pour les mineurs (enfin, contre).
Sinon, les nouvelles du front, quoi dire ? Encore une fois on laisse les Etats-Uniens faire la vaisselle… Je n'emploie pas l'image de la vaisselle au hasard. La vaisselle, ça consiste bien à nettoyer ce qu'on a salopé pour les besoins de son appétit. Donc, bon, c'est les Gringos qui s'y collent, et c'est bien là le problème à mon avis : vous avez déjà essayé de faire la vaisselle avec une éponge dégueulasse ? Surtout que là, le gueuleton a été copieux, ça s'est entassé, et on a même un peu attendu que l'évier déborde. Dans ces cas-là, on a beau frotter, faire ce qu'on peut, souvent y'a des restes, et souvent ça pue.
Et puis on remet le couvert, un peu gras, pas toujours sec, chaque fois étonnés du nombre de gens prêts à refaire la vaisselle, juste pour se donner l'impression d'avoir participé au banquet.
Mais le plus impressionnant là dedans, c'est la constance de certains à se persuader qu'ils en sont les convives bienvenus, jusqu'au moment, trop tard, ou ils s'aperçoivent qu'ils ne seront que la viande déchirée.
Amis, lavez mes lèvres de vos larmes. J'ai dans la bouche des arrières-goûts amers que nos baisers seuls sauraient adoucir.
Nicolas BACCHUS