Présentation
Des rimes tellement riches qu’elles menacent de s’installer en Suisse
Julien DEMETS - https://laccoudoir.wordpress.com
La verVe et la Joie : En janvier 2011, après 5 ans à la direction artistique de Kiui Prod (Sarclo, Manu Galure, Thibaut Derien), Nicolas Bacchus revient avec un album longuement mûri. En 16 titres brillants, sans oublier quelques déchirures, il retrouve la gouaille provocatrice qu'on lui connaît, avec une réalisation et des musiques énergiques de haute volée. Les participations d'Anne Sylvestre, Agnès Bihl, Patrick Font, Sarclo ou Thomas Pitiot, comme les illustrations de Piérick, contribuent à la classe de l'ensemble et en font un objet de choix pour les oreilles et pour les yeux.
Un concert aux Trois Baudets pour la sortie de l'album donne lieu à une captation audio et vidéo : l'album en public Devant tout le Monde parait en mai 2012, riche d'un CD et d'un DVD remplis à ras bord de bonus, invités, participations, et de nouveau richement illustré et mis en page, cette fois par Antoine Presles et Mathias Chomel.
Libertin, j'écris ton nom !
Même pas mort ! Bacchus bande encore !
Cinq ans après A Table (chansons bleues ou à poing), Nicolas Bacchus remet les pieds dans le plat de la chanson avec un nouvel album, La verVe et la Joie où la contrepèterie nous apprend que notre libertin libertaire est toujours amateur de belles plumes…
Nous voilà donc rassurés, Bacchus vieillit bien. Comme le bon vin. Quand d’aucuns se ramollissent au fil du temps, lui nous revient en pleine bourre, la quarantaine aux aguets, la rage subtile à fleur de peau, brandissant son besoin d’amour intarissable, dispensant une générosité démesurée avec l’humilité de celui qui a pris des coups dans la gueule et qui se relève.
Ce 4ème album de Nicolas Bacchus est un concentré d’existence, de son existence avec la nôtre en filigrane, une œuvre qui foisonne et vient faire la synthèse des 10 premières années de carrière de l’animal. Oui, déjà ! Ici, avec La verVe et la Joie, généreux florilège de 16 morceaux choisis, notre troubadour multiplie les registres et nous embarque une heure durant au gré de ses engagements, entre chants de résistance, d’amour, d’humour et de franche rigolade.
Mais cela ne fait-il pas qu’un au bout du compte ? Bacchus ne nous la joue-t-il pas tout simplement passeur, souffleur de vers, en amoureux de la poésie populaire qu’il est ? Il chante ses propres mots, ceux de ses collègues contemporains, ceux de Bernard Dimey sur une radieuse adaptation de La Pierrette à Pigalle ou ceux vibrants de Vladimir Vissotski (La fin du bal) avec la même passion, la même profondeur jaillissant de ce bel organe grave dont il est pourvu.
Sur ce disque, d’organe(s) il est souvent question. Si "le cul est la plus vieille histoire de cœur" selon Sarclo, les histoires d’amour chez Bacchus ne manquent pas de sel non plus.
Côté sourire, sur un texte de Patrick Font (Identité Nationale) posé sur la musique du Métèque de Moustaki, dans un esprit de franche camaraderie, Agnès Bihl, Sarclo, Bacchus et Font nous font vivre 4 minutes de café-théâtre désopilant. Lorsqu’il ne chante pas seul, Bacchus a donc fait le choix d’être bien accompagné. Les fidèles de tous bords et horizons (Thomas Pitiot, Manu Galure, Giovanni Mirabassi, Michel Herblin, Sylvain Mercier, ingénieur du son de Benjamin Biolay...) ont répondu présent. En duo avec Anne Sylvestre, sur un superbe texte d'Erwan Temple, Bacchus nous gratifie d’une perle avec Cousine, manière de chanson-bilan de combats comparés. On en frissonne.
Illustré avec l’élégance qui lui convient par Piérick Rouquette (du groupe Les Malpolis),
La verVe et la Joie est l’album le plus abouti de Nicolas Bacchus, le plus généreux. L’album d’un libertin fidèle.
Qu’on se le dise, Bacchus est debout, Bacchus a encore la sève, Bacchus chante le droit à la liberté, toutes les libertés. Marâtres et mères frileuses, cachez vos fils, le Pygma-lion est lâché !
David Desreumaux - L'art-scène.org
La verVe et la joie nous ramène le Nicolas Bacchus insolent et vulnérable, capable d’écrire des chansons intelligentes mais jamais trop sérieuses, de s’indigner sans adopter pour autant la posture du "chanteur engagé" que d’autres brandissent.
Julien Demets
Nicolas Bacchus s'impose par son opiniâtreté à ne jamais rendre les armes, par son entêtement à passer sans cesse du rouge au vert, mais aussi du rose aux épines, et notamment de la prose à la pine. Du tournedos à l'entrecôte, la viande est parfois bleue, mais les bleus, chez Bacchus, sont aussi à l'âme. Le public devrait répondre à l'appel, et à la pelle, de cette langue qui ne fourche pas...
Denis Bonneville, La Marseillaise
Il est question dans cet album de verges joyeuses, de plaisir sexuel et "Des choses dont la morale publique / (Qui ferait mieux d’en avoir moins, je crois) / S’emporterait, brandissant l’eau bénite / Si elle savait ce qu’on peut faire à trois." Bacchus continue donc à tirer à feu nourri sur les coincés, les bégueules et les imbéciles, et à affirmer avec provocation sa pédérastie tranquillement assumée, sans étendard ni drapeau.Mais il est également question de politique dans cet album qui fleure bon, et tout ensemble, la sérénité et la colère. Cependant, cet anarchisme joyeux se fait un peu plus grave que dans les précédents, un peu moins potache, un peu plus tendre aussi. Tendresse pour les "mignons" qu’on croque au sel, tendresse dans Derrière l’embarcadère qui promet un crépuscule apaisé à celui qui saura rester, tendresse aussi pour la "cousine" Anne Sylvestre et pour le formidable Bernard Dimey dont Bacchus reprend La Pierrette à Pigalle.
Catherine Robert