Mauvaise humeur

Communication du Collectif Nantais des Sans Papiers

Le 11 février 2005
Intervention de Françoise Salmon lors du concert au Piano'cktail à Bouguenais

"Il sont venus chercher les tziganes et j'ai rien dit je n'étais pas tzigane
Ils sont venus chercher les noirs et j'ai rien dit je n'étais pas noir
Ils sont venus chercher les juifs et je n'ai rien dit je n'étais pas juif......

Et quand ils sont venus me chercher il n'y avait plus personne pour dire quelque chose
"

C'est bien dans ce système là que nous sommes aujourd'hui et il faut le dénoncer... Le dénoncer encore et toujours dire et informer par nos moyens à nous que tout le monde est concerné que la liberté est en danger et qu'un système odieux aux relents de Vichy est en train de se mettre en place de façon insidieuse dans notre pays !!!! Si nous ne le dénonçons pas, qui le fera ?
Les étrangers migrants vers le territoire français ne sont pas des délinquants !

Toutes ces personnes fuient la misère, la violence et les menaces qui pèsent sur leurs vies, c'est une réalité. L'État français y répond en verrouillant les frontières, en rejetant les pauvres déclarés « indésirables », en expulsant au plus vite et en grand nombre, en précarisant le séjour de celles et ceux qui vivent dans notre pays, bafouant ainsi la tradition française d'asile et d'accueil, ainsi que la Convention Internationale des Droits de l'Enfant que la France se rengorge d'avoir signée.

A l'heure où notre président de la République demande à la population française de se souvenir et de ne pas oublier les drames de l'holocauste, les lois votées par le parlement affichent une ferme volonté de discrimination ethnique et sociale. Ces lois bafouent les principes fondamentaux de notre constitution :
« Les hommes naissent libres et égaux en droits», tel est le préambule ce cette constitution.
Coluche disait : "les hommes naissent libres et égaux en droits…. Mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres." Il avait raison et l'actualité le confirme au quotidien.

Qu'en est-il du Droit à la dignité, du droit à la libre circulation, du droit à la santé, à l'éducation, à la vie familiale alors que les lois Sarkozy sur l'immigration préconisent et mettent en place des dispositifs qui empêchent concrètement leur application ?

Un étranger arrivant en France a 21 jours pour déposer son dossier de demande d'asile. Mission impossible quand on sait la difficulté à réunir les pièces nécessaires qui prouvent le récit de leur vie d'autant que la grande majorité d'entre eux ne parlent ni ne comprennent le français et qu'ils sont tellement traumatisés qu'il leur est également impossible de raconter et donc de revivre leur histoire de façon concise et recevable par l'OFPRA.
Seules 2% des demandes d'asile sont satisfaites. Cette année, le budget attribué aux expulsions est passé de 11 millions d'euros à 33 millions. Objectif : tripler le nombre de reconduites à la frontière.

Tout cela se décline en pratiques indignes :

Expulsion des logements, suppression des aides laissant les gens à la rue sans aucun moyen de subsistance. Contrôles d'identité sur délit de faciès, arrestations, mises en centre de rétention d'adultes et d'enfants dans des conditions indignes, alors que la loi interdit l'enfermement des mineurs.

Séparation des parents et des enfants. L'état français n'hésite pas à placer à la DASS les enfants dont les parents se font arrêter (exemple de CHOLET)

Les lois concernant l'immigration ne sont pas les seules à verrouiller et à bafouer les droits de l'homme.

Le ministère de l'éducation nationale collabore avec le ministère de l'intérieur alors que là aussi la loi l'interdit :

Dans le secondaire, les inspections académiques demandent aux chefs d'établissements de fournir la liste des élèves sans papiers. Des jeunes se font arrêter dans les lycées. (récemment en Moselle 2 jeunes irakiens se sont fait arrêter…)

Monsieur De Villepin, digne successeur de Mr Sarkozy, s'emploie depuis le début de l'année 2005 à mettre en place «l'opération nationale de sécurisation». Cette opération censée lutter contre les violences scolaires s'est traduite par des contrôles d'identité opérés aux abords des collèges lycées sur l'ensemble du territoire. Elle s'inscrit dans le cadre du protocole d'accord signé le 4 octobre 2004 à Dreux entre le ministère de l'éducation nationale et le ministère de l'intérieur.

Quel est le véritable objectif de cette opération de sécurisation alors la majorité des actes de violences scolaires a lieu à l'intérieur des établissements et que dans le même temps le gouvernement a supprimé 26500 postes d'aides éducateurs et 5600 postes de surveillants ? Le bilan de cette opération justifie t-il le spectacle de ces fouilles au corps de collégiens et de lycéens pendant que des chiens policiers reniflent les cartables sous les yeux de leurs camarades et des parents d'élèves ?

Les milliers d'élèves sans papiers sont les premiers visés par cette opération qui, selon une déclaration du ministre de l'intérieur le 7 janvier, n'est que le point de départ d'une action qui doit s'inscrire dans la durée.

Pour les écoles primaires, les mêmes inspecteurs d'académie envoient des avis de recherche aux directeurs, ce qui permet alors d'arrêter les enfants et leurs parents au sein même des écoles.
Cela s'est passé récemment à Metz, à Rennes, à Bordeaux, à Cholet, à Nancy...

A Nantes, étant moi-même directrice d'école à Nantes, j'ai reçu plusieurs avis de recherche. J'ai téléphoné à l'inspection académique pour en savoir un peu plus et voici la réponse qui m'a été faite : « Madame, vous êtes fonctionnaire, vous n'avez aucun état d'âme à avoir, vous devez obéir »

Relent de Vichy disais-je… NON nous n'obéirons pas. La mission qui nous est confiée n'est pas celle là et nous sommes de plus en plus nombreux à refuser et à résister contre ces pratiques honteuses.

Autre projet de loi, qui sera sans tardé voté et appliqué : loi de prévention contre la délinquance qui vise une fois de plus à transformer les travailleurs sociaux, les enseignants et les éducateurs en délateurs en faisant tomber le secret professionnel et en les obligeant à dénoncer au maire toute personne en carence sociale éducative ou matérielle. Un récent rapport de la commission parlementaire chargée d'études sur la sécurité publique remis en novembre dernier à Mr De Villepin par Mr Bénisti député UMP, démontre comment un enfant dès l'âge de 3 ans sera considéré comme délinquant s'il ne maîtrise pas la langue française. Les mères de ces enfants sont tenues responsables, il leur sera interdit je cite « de parler le patois » et si elles persistent, je cite toujours à parler « l'étranger », les enseignants devront en aviser les services compétents.

Travailleurs sociaux, enseignants, parents d'élèves, citoyens de toutes origines, OUI nous désobéissons et nous cachons si besoin les élèves et leurs parents ainsi que toute autre personne concernée lorsque c'est nécessaire, même si la loi Sarkozy précise que toute personne aidant ou hébergeant un étranger dans l'illégalité est passible de sanctions pouvant aller jusqu'à la confiscation de tous ses biens mobiliers et immobiliers, de peine de prison et d'amendes dont les montants sont plus que faramineux, de perte d'emploi etc.

Face à cette situation que je viens de vous décrire, le collectif enfants étrangers citoyens solidaires s'est créé depuis le mois de juin à Nantes, afin de défendre les familles et les personnes concernées en Loire Atlantique. IL regroupe des parents, des enseignants, des travailleurs sociaux, des associations et des collectifs de défense des droits de l'homme, des syndicats, des représentants de quelques partis politiques et de nombreux citoyens.
Depuis, grâce aux fortes et nombreuses mobilisations et interpellations des pouvoirs publics certaines personnes ont été régularisées ou sont sur le point de l'être. Néanmoins la grande majorité d'entre elles restent en danger. Le centre de rétention de Nantes est plein, des personnes sont régulièrement expulsées du territoire. Les expulsions des logements reprendront dès la fin mars. Il est donc plus que jamais urgent de continuer d'agir et d'amplifier le nombre de personnes prêtes à défendre les libertés.

Il faut que cesse cette machine infernale, qui de projets de lois en lois puis en décrets d'application dont quasiment personne n'est officiellement informé, font que notre pays n'est plus un pays garant des libertés individuelles.

Alors, si comme le dit un proverbe chinois : il arrive parfois que les fourmis ébranlent la montagne, je suis une fourmi et vous en êtes aussi. C'est en résistant ensemble que nous y parviendrons.


Nous vous donnerons à la sortie le contact du collectif et des associations de défense des droits de l'homme, afin que vous puissiez diffuser l'information. Nous vous proposons également de signer un manifeste de désobéissance citoyenne.

Merci de votre attention

Adresse du collectif nantais:
collectifenfantsetrangers@yahoo.fr
Adresse du réseau national qui coordonne les informations des nombreux collectifs sur l'ensemble du pays et met en place des actions nationales:
resf@reso.net
 
Facebook Youtube Deezer Itunes