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Chronique Album

Mygmusique.com - Le 15 mai 2006
Pas décidé à mettre de l’eau dans son vin, Nicolas Bacchus nous distille dans ce nouvel album sa vision du monde, entre coups de gueules et amours déçus… Laissez vous séduire par le menu!
Après son live « balades pour enfants louches », notre poète néo libertaire reprend la plume pour notre plus grand plaisir et nous livre un «à table (chansons bleues ou à poing)», album empreint du romantisme des siècles passés où les mots glissent de l’allusion à la provocation dans une dialectique qui se veut plus subtile qu’à l'accoutumée.
Même si on est bien éloigné de cette impression de défi qui se dégageait de «Ton fils (...dort avec moi)», le discours engagé quelque peu détourné est toujours présent dans ces 18 titres pleins de vie et de rage.
L’érotisme et la liberté sexuelle sont prétextes à une critique de la morale bien pensante établie mais son regard sur le monde se veut moins provocateur préférant le romantisme et la sensualité au grand discours sur la tolérance.
Autour de la table, les convives sont nombreux et pas des moindres puisqu’on y retrouve Eric Toulis des Escrocs, Les Debout sur le Zinc et leur énergie débordante sur «les voleurs d’ivoires» , les Pistons Flingueurs ou Juliette et sa voix a frissons pour un duo mémorable.
Quand arrivent enfin les entrées, les discussions vont bon train contant son incompréhension de l’être aimé dans un «quiproquo à n’en plus finir» ou ses aventures passées dans un «Etrange» tour du monde.
Le trou normand se mue en une représentation magique où notre hôte endosse tour à tour le costume d’un crooner pour un dédale d’«itinéraires» puis celui d’un marquis de Sade pour une interprétation romanesque d’«Alain à Line» ; le clavecin plantant le décor nous transporte et on l’imagine facilement coiffé d’une perruque déclamant cette tirade libertine où les paroles sans équivoques se mêlent à la sensualité de l’époque pour permettre une mise en scène critique des mœurs de notre siècle.
Au détour d’un plat, une intonation soudain familière et on aperçoit le spectre de Brassens pour entonner cet «Inventaire» dans une métaphore caractéristique comparant les «babas de grand-mère Yvonne» et les caractères des différents amants ayant croisé son divan .. Une comparaison audacieuse où l’humour caustique rappellera la dure réalité de certains et ne laissera pas son auditoire indifférent.
Pour le plat de résistance, nos choix iront sans conteste à la douce fable à la sonorité tzigane des «voleurs d’ivoire» agrémentés des percussions des Pistons Flingueurs pour ce cri plein de rage «J’veux pas être jeune», d'un Peter Pan empli d’ironie et de colère envers une société éteinte.
Laissez vous ensuite tenter par une tendre mélodie abordant les craintes et les sentiments d’un ado qui découvre sa sexualité dans une période où l’homosexualité est toujours comparée à une «maladie mortelle».
En guise de dessert, le maître des lieux vous a concocté un duo improbable avec Juliette pour une «enquête préliminaire» teinté de tendresse écorchée où la voix envoûtante tantôt mélodieuse tantôt enjouée véritable se dresse en fil conducteur de cette émotion palpable.
Pour ceux dont les zygomatiques n’ont pas assez travaillé, il vous reste cette désopilante reprise du «petit âne gris» d’Hugues Aufray dans laquelle il parodie successivement Renaud, Charles Aznavour, Vincent Delerm, Bénabar, Carla Bruni ou JJ Goldman… donnant une idée des prestations lives.
Un album plein d’émotion où les histoires d’amour, quelles soient heureuses ou non, sont contées avec tellement de vie et de rage qu’on ne peut qu’adhérer au parti de ces «chansons bleues ou à poing».
Djool
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