La Dépêche Toulouse
Dans les rues de la ville , Jusqu'où peut-on pousser la chansonnette ?
La Dépêche Toulouse - Le 11 août 1999
"En ville, gratter la guitare ou pousser la note, est trop souvent assimilé à la manche". Photo "La Dépêche", F. Charmeux
A Toulouse, à condition qu'ils se déplacent, les chanteurs de rue sont généralement acceptés. A quelques exceptions près, n'en déplaise à Yves Montand, sa chansonnette si joliment décrite dans les années soixante, a la note un peu rayée. Surtout lorsqu'elle occupe un peu trop bruyamment le domaine public.
"Chanter en plein-air n'est pas reconnu comme une profession, précise-t-on au bureau de Maurice Mamy, en charge de l'occupation du domaine public. Il n'y adonc ni interdit ni de véritable autorisation". Les choses peuvent donc se passer pacifiquement ou pas. Les textes de loi dans le domaine restent un peu obscurs.
"En fait, les problèmes surgissent souvent lorsque les chanteurs stationnent trop longtemps devant un restaurant ou un magasin", poursuit la mairie. La concurrence déloyale, des pourboires qui échappent aux serveurs sont sources de malentendu et d'intolérance. "Pourtant, les artistes groupés devant les vitrines attirent plutôt le chaland", rétorque Marc, artiste de rue.
A Toulouse la chansonnette est donc plutôt tolérée, voire acceptée. Réputation du Bel Canto, oblige (1).
Il y a bien eu quelques problèmes autour de Saint-Sernin l'automne dernier. Avec l'interdiction des marchands ambulants, les chanteurs ont, eux aussi, subi quelques désagréments dans la zone du marché.
Nicolas, du groupe Bacchus, a notamment connu un après-midi au poste pour avoir interprété, "Liberté, Egalité, vos papiers", une mélodie pourtant éditée et publiée. "Mais considérée mal venue dans la période sensible des sans-papiers. Aujourd'hui, on peut chanter mais à l'extérieur, rue du Taur, par exemple", explique Nicolas, un peu amer.
Car, évidemment, l'art s'accommode mal de lieux imposés. "On voudrait chanter où on veut", revendiquent spontanément ces artistes. En fait, peu de dialogue existe entre certains commerçants et ces baladins. "Souvent assimilée à la manche, la chansonnette augmenterait,.selon l'avis de quelques-uns, la mendicité ", regrettent-ils. Une hérésie selon certains passants, qui apprécient entendre fredonner quelques notes de musique au coin des rues. "C'est si agréable, note une Toulousaine. Pour voir la vie en rose, c'est idéal ".
S. G.
(1) Dans certaines villes de France, la chanson de rue est décriée et interdite. "A Carcassonne ou au Cap d'Agde, la situation des artistes de rue est devenue infernale, dénoncent deux 'vétérans', Marc et Nathalie, du groupe toulousain, 'Les Faux-Bijoux'. Il est devenu impossible de pousser la romance sans se faire jeter". A Carcassonne, en plein "tour de chant", les deux artistes ont été expulsés du centre-ville, sans discussion possible.