Je pense pouvoir dire mais sans être affirmatif que Nicolas Bacchus fait partie de la catégorie de chanteurs qui divisent. Il y a donc deux types de personnes sur cette planète, ce qui n'est pas un secret. Il y a ceux qui se réjouissent des textes de Nicolas Bacchus et les autres qui sont offusqués à l'annonce du mot rectum. Personnellement je me place dans la première catégorie, ce qui n'est pas un secret aussi. En 2005 j'avais adhéré au troisième album "A table", et puis après plus rien. Plaf.
Où était-il passé ? Enfin je dirais plutôt où étais-je passé ? Moi qui raffole de verbes forts, de phrases engagées, de chansons à textes... Il y a tellement de bons chanteurs, qu'il est souvent difficile de suivre. Si je cours trop vite, le cerveau ne suit pas. Alors j'ai disparu de la circulation sans aucune explication valable. T'inquiète Nico je reviens, et l'album que je suis entrain d'écouter est en train de m'exploser les neurones, de joie. Transition parfaite, "La verVe et la joie" est donc le dernier opus studio du chanteur paru en janvier 2011. Et alors là ! J'en ai eu pour mon argent parce qu'un véritable mur de mots aussi beaux les uns que les autres, s'est dressé devant moi.
De la douceur, de la légèreté, de la réalité, de la créativité, de la diversité...
Dans ce nouvel opus, on retrouve tous les éléments qui font le talent du chanteur. A savoir sa voix envoûtante, les guitares toujours dansantes et ses histoires de cul et de cœur. L'acrobate émotionnel est également un virtuose de la métaphore filée. Parlant tantôt avec humour : "Identité nationale (Les métèques)" en trio avec Agnès Bihl et Sarclo, écrit par Patrick Font (excusez du peu...). Un clin d’œil à Perret avec "Filet mignon" mais aussi "Sanson du bizoutier". Tantôt de son homosexualité ou de la vie de couple : "Les uniques", "Ce que je fais de moi", "Après-toi". Tantôt sur le mariage "Ta mère" futur tube en puissance.
Les chansons sont engagées, portées avec passion et amour, et ça se sent. Plus l'avance dans l'album se fait, plus il m'apparaît comme un édifice aux proportions démentes. Sans aucun doute Nicolas Bacchus s'entoure bien et maîtrise parfaitement son sujet.
"La Pierrette à Pigalle", qui donne la parole à un légionnaire devenu travesti et prostitué, est, en plus d'être devenu une magnifique chanson, un poème de Bernard Dimey mis en musique par Nicolas Bacchus. Le chanteur épingle aussi "Les gens de son pays", et revendique le droit à la différence et à la tolérance avec "La fin du bal (le vol arrêté)" qui termine l'album.
« la traque systématique de tout ce qui relève de la pensée, de l’éducation, de l’art […] fauche ceux qui sont déjà en l’air, brise l’envol de ceux qui partaient, cloue au sol ceux qui n’auront même pas le loisir de désirer [...] pourquoi, pourquoi elle vient trop tôt la fin du bal ? C'est les oiseaux jamais les balles qu'on arrête en plein vol...»
Quatre albums studios au compteur... Voici plus de dix ans que l'énergumène trace son sillon sans l'appui des médias. A ne pas mettre entre toutes les mains car la connerie et l'imbécillité auraient vite fait de l'abîmer, car c'est un bijou ! Un bijou rempli de joies que Nicolas Bacchus éclabousse de sa verve... et sans arrière pensée, on en redemande* !
Pablito
A savoir un peu plus :
Le site officiel
La page facebook
Ecoutez l'album sur deezer
*Nicolas Bacchus vient justement de sortir un album live intitulé "Devant tout le monde" qu'il faut absolument écouter ! (voir le teaser)