La Provence (Avignon)
L'enfant louche au ton franc
La Provence (Avignon) - Le 18 juillet 2002
Nicolas Bacchus déteste le convenu. Ce qu’il écrit, et qu’il chante, ce sont “des chansons à textes, avec le 'a' privatif d‘asocial". On peut le voir, tous les jours, donner un avant-goût de son tour de chant à la terrasse du Couloir, rue des Teinturiers. Il y invite les dîneurs -entre autres- à "roter leurs escargots" avant de se rendre à La Tache d’Encre pour l’écouter... Insolence. On ne relève pas. Il y a une telle humilité, une telle candeur, chez ce fils de profs, ancien du Chœur Régional Midi-Pyrénées (voir le soutien de sa voix dans le couplet arménien humoristique du Petit âne gris), qu’on laisse passer son impertinence. Il rentre en scène la tête basse, il sautille d’une jambe sur l’autre au moment des applaudissements, il se méfie de son profil au moment de la photographie; quand on évoque Thomas Fersen, “Je ne sais pas faire, ça,, dit-il, écrire des histoires”; et quant à l’amour, “On. m’a tellement quitté, raconte-t-il, que chaque fois que j’embrasse, même pour la première fois, j’ai l’impression de dire au revoir".
Formé à l’école Renaud, qu'il écoute depuis ses trois ans, Bacchus en a hérité le langage, volontiers argotique, et le côté cabot (l’accent toulousain, l’aboiement du chien dans Josy, l’interjection “aïe” après avoir volontairement heurté son micro du menton). Pour les femmes, en revanche c’est “pourquoi pas, mais uniquement quand elles sont exceptionnelles.
Car Bacchus aime les hommes. Il le dit. Il le crie. La Gay-Pride ? “J’ai pas besoin d’un jour pour me montrer, chante-t-il... Ni d’une chanson d’ailleurs !... Je n ‘ai pas de vie privée. Pas de vie privée de quoi que ce soit.” Et de fustiger le silence “qui est déjà un jugement”, et qui fait le lit de la haine, du racisme, de tous ces tabous qu’entretiennent les “enflures” au pouvoir pour mieux régner sur les “gueux” (voir l’exclamation, en forme
de protestation, sur laquelle se clôt le concert), et des slogans genre “Les pédés au bûcher”. Enregistré au Bijou, à Toulouse, le deuxième album de Nicolas Bacchus est sincère et sonne juste. On y retiendra l’empêcheur de tourner en rond des Sans papiers, bien sûr, mais aussi la tendresse qui’ se dégage, entre autres, de la Chanson de l’ami : “Rester ne vaut que si l’on sait qu’on peut partir / Je veux rester l’ami à qui tu fais l’amour".
Stéphane POLSKY
Légende photo : Nicolas Bacchus. Comme les agapes. Un chantre de l'anti-tabou : révolté, mais humble et tendre.
Formé à l’école Renaud, qu'il écoute depuis ses trois ans, Bacchus en a hérité le langage, volontiers argotique, et le côté cabot (l’accent toulousain, l’aboiement du chien dans Josy, l’interjection “aïe” après avoir volontairement heurté son micro du menton). Pour les femmes, en revanche c’est “pourquoi pas, mais uniquement quand elles sont exceptionnelles.
Car Bacchus aime les hommes. Il le dit. Il le crie. La Gay-Pride ? “J’ai pas besoin d’un jour pour me montrer, chante-t-il... Ni d’une chanson d’ailleurs !... Je n ‘ai pas de vie privée. Pas de vie privée de quoi que ce soit.” Et de fustiger le silence “qui est déjà un jugement”, et qui fait le lit de la haine, du racisme, de tous ces tabous qu’entretiennent les “enflures” au pouvoir pour mieux régner sur les “gueux” (voir l’exclamation, en forme
de protestation, sur laquelle se clôt le concert), et des slogans genre “Les pédés au bûcher”. Enregistré au Bijou, à Toulouse, le deuxième album de Nicolas Bacchus est sincère et sonne juste. On y retiendra l’empêcheur de tourner en rond des Sans papiers, bien sûr, mais aussi la tendresse qui’ se dégage, entre autres, de la Chanson de l’ami : “Rester ne vaut que si l’on sait qu’on peut partir / Je veux rester l’ami à qui tu fais l’amour".
Stéphane POLSKY
Légende photo : Nicolas Bacchus. Comme les agapes. Un chantre de l'anti-tabou : révolté, mais humble et tendre.