La belle utopie qui fait chavirer l'esclave
Loin des chemins boueux où il traîne un boulet
Incendie mon esprit comme une bonne lave
Le jupon noir fixé sur un manche à balai
Le jupon noir fixé sur un manche à balai

A l'heure imbécile où tous les travailleurs croient
Qu'ils ne peuvent manger qu'en étant vache à lait
Il me plaît d'agiter au-dessus de leur croix
Le jupon noir fixé sur un manche à balai
Le jupon noir fixé sur un manche à balai

C'est la puissance bien organisée des riches
Qui s'éveille en sursaut d'un cauchemar bien laid :
Tous les peuples quittant un système qui triche
Le jupon noir fixé sur un manche à balai
Le jupon noir fixé sur un manche à balai

Le ciel bas et lourd peut dissimuler la lune
Quand je n'ai dans mon jeu plus rien que des valets
Je m'accroche à l'emblème en deuil de la Commune
Le jupon noir fixé sur un manche à balai
Le jupon noir fixé sur un manche à balai

* La première utilisation du drapeau noir comme symbole anarchiste date de la manifestation des sans-travail aux Invalides, le 9 mars 1883. La révolutionnaire Louise Michel le fabrique avec un vieux jupon noir qu'elle fixe sur un manche à balai.
Elle explique qu'elle porte, en le brandissant, le deuil des communards de 1871.
À son procès, elle dira : "Parce que ce drapeau est le drapeau des grèves et qu'il indique que l'ouvrier n'a pas de pain."
Le 12 août 1883 paraît le numéro 1 du journal des anarchistes lyonnais : Le Drapeau Noir.